André Kaspi

• Historien, professeur émérite d'histoire des États-Unis à la Sorbonne

Dans un mois, les Américains éliront leur président et leur vice-président, les 435 membres de la Chambre des représentants et un tiers des sénateurs. Sans oublier les élections dans chacun des 50 états, qui décideront de la composition des assemblées législatives, du pouvoir exécutif et souvent du pouvoir judiciaire. C’est dire l’importance de cette vaste consultation électorale, qui, tous les quatre ans, décide de l’avenir des États-Unis et entraîne des effets d’une importance capitale dans le monde entier. Sans entrer dans la complexité d’un système politique qui à la fois nous passionne et nous surprend, il faut retenir que deux grands partis animent et partagent le pouvoir : les républicains, dont le principal candidat est Donald Trump, et les démocrates, représentés par Kamala Harris depuis le retrait de Joe Biden. Nous avons tendance à oublier que d’autres formations politiques, beaucoup moins influentes, sont présentes dans la compétition électorale.

Depuis quatre ans, la bataille entre les deux partis principaux est incessante. Elle met en présence deux conceptions de la vie politique aux États-Unis, deux programmes (immigration, avortement, politique étrangère, etc.). Nous, en Europe, nous subissons et nous subirons les répercussions de cette bataille politique. Mais, si nous la suivons avec passion, nous ressentons parfois une incompréhension certaine. Quoi qu’il en soit, nous nous interrogeons sur les conséquences qu’aurait la victoire de Trump et des républicains ou la continuité du pouvoir démocrate.

Notre avenir dépend, en partie, du résultat des élections américaines.

Son interview dans le Chaville Magazine n°181

• Comment aborder le sujet, un mois avant les élections ?

Il faut, en premier lieu, avoir en tête la complexité du système électoral américain. Ce n’est pas un vote national qui a lieu partout en même temps comme en France. Chaque État désigne, par le vote, les électeurs présidentiels auxquels sa population lui donne droit. Étant entendu qu’au total il y a 538 électeurs présidentiels. La majorité est donc de 270. Ce sont eux qui choisiront le président.

• Qu’est-ce qui attend le candidat qui sera élu ?

Il sera placé devant des choix déterminants. Si l’on prend la politique extérieure - qui n’est pas le souci primordial des électeurs – il faudra définir la position des États-Unis sur l’Ukraine, sur le Moyen-Orient, plus généralement, sur la Russie, la Chine, l’Iran, voire la Corée du Nord. Pour ce qui est de la politique intérieure, il y a deux débats qui agitent la société américaine.

Premièrement, l’immigration. La frontière de 1 500 km avec le Mexique est franchie par des milliers d’immigrants clandestins ou illégaux, qui transportent très souvent avec eux et malgré eux des drogues qui se répandent sur le marché américain. C’est un problème soulevé par les Républicains mais qui a été repris par les Démocrates et suscite une grande inquiétude chez les Américains.

Deuxièmement, l’avortement. Le débat oppose les Républicains aux Démocrates, mais aussi des États entre eux. Depuis que le droit à l’avortement ne fait plus partie de la Constitution fédérale, chaque État est libre d’autoriser ou d’interdire l’avortement. Tout cela entrera en ligne de compte dans le choix des électeurs.

• Votre pronostic ?

Par définition, un historien prévoit le passé, mais jamais l’avenir ! Je veux juste rappeler que l’histoire est aussi une longue continuité, il n’y a pas que des ruptures. Quoi qu’il en soit, Donald Trump, le Républicain, ne s’opposera pas au président Joe Biden, puisque celui-ci a renoncé à se présenter. Dans les circonstances actuelles, il est bien difficile de prévoir les résultats des élections présidentielles. Mais il ne faut pas oublier que, le même jour, des élections législatives et des élections locales ont lieu.

Que seront les États-Unis, après le 5 novembre ?

Entrée libre.

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